Bourse AVI du voyage solidaire 2015 : Cinécyclo Tour Sénégal
20/06/2016Lauréat de la bourse AVI du voyage solidaire 2015, Vincent Hanrion est parti pour un Cinécyclo Tour du Sénégal du 15 novembre 2015 au 1 juin 2016, accompagné de l'assurance tour du monde d'AVI International.
Le Cinécyclo Tour du Sénégal,
par Vincent Hanrion et son association Cinécyclo
Le but de ce voyage était de tester le potentiel d'une idée : celle d'offrir des projections de films de manière électriquement autonome lors d'un voyage à vélo de 3000 km à travers des zones isolées et dépourvues d'électricité. Cette tournée devait également donner lieu à la naissance d'une association locale pouvant pérenniser l'action notamment via la mise en place d'un premier ciné-club. La thématique de la tournée et des films étaient autour de la cause environnementale.
Je suis parti accompagné d'Alain Chaine, un bénévole de l'association qui avait déjà une bonne expérience en cyclisme d'aventure et en tant que projectionniste itinérant. Un autre compagnon de route nous rejoindra plus tard, Yoro Diallo, un jeune Sénégalais venant du village d'Ibel, région de Kédougou, que nous avions rencontré à Dakar lors de notre conférence de presse avant le départ.
La tournée démarre en Casamance depuis Ziguichor. Notre partenaire local s'appelle l'association Océanium. Nous interviendrons durant 3 semaines dans plus de 13 villages et offrons 24 projections toutes alimentées à la seule force des mollets. L'écran et le dispositif sonore permettent de rassembler plus de 250 personnes devant l'écran. Nos débuts se font timides, notre programmation s'affine à mesure que les soirées s'enchaînent et nous améliorons, sur le terrain, nos techniques d'animations. Le public se fait rapidement de plus en plus nombreux. Certaines projections reccords atteignent les 300, 350 et même jusqu'à 400 personnes. Au total, le Cinécyclo Tour aura touché plus de 11 190 personnes.
La sélection des films fut pensée pour un large public. Elle devait également répondre aux problématiques environnementales locales que tentent de contrer nos partenaires locaux (déforestation, reboisement, agroforesterie, agroécologie, foyer à économie de bois, charbon de paille, technique agricole...). Toutes nos vidéos sont en langue locale même si certaines nécessitent l'intervention d'un interprète volontaire. Notre programmation propose également de dessins animés sans dialogue pour les enfants qui sont généralement les premiers assis (les grands apprécient tout autant) ainsi que des films plus «légers» et universels comme « le Cirque » de Charlie Chaplin ou « Binta et la Bonne idée » tournée en Casamance en 2004 par Javier Fesser. Nous avions, au total, une cinquantaine de films à notre disposition
Notre partenaire local nous aide à assurer le contact et l'accueil entre les villages, nous sommes systématiquement présentés auprès du chef du village à qui nous demandons une autorisation de projeter et de séjourner dans le village. Pour l'hébergement, on nous offre systématiquement un lit ou un espace pour planter notre tente ou accrocher mon hamac. En de très rares occasions, nous ferons le choix des campements villageois (à privilégier aux campements privés) nous assurant, une fois n'est pas coutume, plus de confort et nous permettant de recharger notre équipement électronique, communiquer à nos proches... Notre cible se trouvant essentiellement dans les villages isolés, ces campements restent cependant relativement rare.
Après la Casamance, nous nous rendons vers notre seconde zone d'intervention qui se trouve à Tambacounda distant de 7 jours de vélos. Il nous est difficile de ne pas offrir de projection lorsque l'on s'arrête dans un village «étape» car tout le matériel est contenu dans une grosse caisse où il est inscrit « Cinécyclo », ce qui pique la curiosité de moindre passant. Le vélo est par ailleurs atypique puisqu'il s'agit d'un vélo cargo fait en France de la marque Douze-Cycles, très solide, maniable et démontable au demeurant. L'ensemble de mon matériel pèse 70 kilos alors que je n'en fais qu'une petite soixantaine.
Les journées de roulage se déroulent difficilement le premier mois. Alain ayant parcouru quelque 20 000 kilomètres (dont la moitié en Afrique) l'année précédente est bien plus entraîné que moi qui ne compte que 5 000 km à mon compteur en France et en Italie du Sud. Alain roule sur un vélo de touring classique relativement chargé qui pèse environ 60 kg. Je peine à suivre son rythme et suis régulièrement contraint de faire des pauses pour récupérer.
Tout s'ajuste au fil des kilomètres. Après quelques projections à Tambacounda, nous rejoignons Yoro à Kédougou qui nous accompagnent durant deux semaines dans sa région. Nous enchaînons une dizaine de projections dans des lieux de plus en plus isolés. Je retiens notamment le village d'Afia II, coupé du monde en haut de son promontoire rocheux qu'aucune route praticable ne traverse. Nous avons porté le matériel à dos d'homme sur un sentier de montagne escarpé sur plus de 3 km pour y offrir une projection. À la fin de la tournée Kédougou, nous proposons à Yoro de nous accompagner jusqu'à Saint-Louis, soit 2 000 km plus loin. Il accepte avec grand enthousiasme. Nous subviendrons à ses besoins durant plus de 5 mois. Cette expérience fut considérable pour lui comme pour nous.
Nous retournons ensuite vers le Nord en contournant le parc du Niokolo-Koba par l'Est (ce parc est infranchissable en vélo, les gardiens nous ayant contraint de mettre nos montures dans un camion à l'aller). Nous offrons des projections tout le long du voyage. Les pistes sont parfois extrêmement difficiles surtout avec une roue de 20 pouces à l'avant et je chute à plusieurs reprises sans conséquence ni pour moi, ni pour le matériel. Notre matériel n'aura subit, au terme de ce voyage, que de légères avaries. Les portages sont nombreux dans le lit des rivières couvert de bloc de pierre.
Nous nous dirigeons ensuite vers le Siné-Saloum où nous attend l'association Nébéday qui souhaite que l'on diffuse son film sur le charbon de paille. Mais nous bifurquons avant vers l'association Aved-Colibantan qui nous a contacté grâce à notre site internet. Nous offrons 5 projections dans leur secteur, bien qu'il soit très sablonneux et nous oblige à pousser le vélo qui s'enfonce à chaque tour de roue. Cette expérience me fait penser qu'un fatbike serait largement plus approprié. Leur association est un exemple de gouvernance et de bonne pratique qui ne manquera pas de nous inspirer.
L'association Nébéday nous invite à offrir 13 projections autour d'une forêt qu'il tente de préserver. Notre tournée est un véritable succès et attire les foules au grand bonheur de l'association qui espère bientôt nous revoir dans le secteur. Nous enchainons avec l'Aire Marine Communautaire du Bamboung avec qui nous offrons à nouveau 13 projections entre terre et mer. Un travail de coordination multi-partie nous permet de bénéficier gratuitement d'essence, de piroguier et d'embarcation. La collaboration nécessite de nombreux coups de téléphone et de déplacement mais ce «faire ensemble» est à l'image de notre voyage. Nous accumlons jusqu'à 12 projections d'affiler avant de prendre un repos. La fatigue s'accumule. Alain décide de quitter l'aventure devenue trop intense pour lui. Nous continuons, Yoro et moi vers le Nord.
Notre tournée se termine au près de 3 partenaires : l'Africa Mandela Ranch à Rao, le Parc National des Oiseaux du Djioudj, l'association APESS qui s'occupe des éleveurs laitiers et l'association Les Amis de la Nature de Dimath Dierry.
Nous offrons notre dernière et centième projection au Lac Rose avant de revenir sur Dakar fin mai 2016. Yoro et moi participons aujourd'hui à la mise en place de la structure Cinécyclo Sénégal.
N'hésitez pas à visiter leur page cinecyclo.org pour en savoir plus sur les CinéCyclo Tours à venir !
L'équipe d'AVI International assurance voyage